vendredi 27 mars 2009

La Presse

La presse de Ouiouiville et de la région était un exemple d'honnêteté et d'objectivité.
le dernier article opposant Ouioui et Candidun fit le point sur l'année passée depuis l'élection des chefs de village. On demanda aux deux anciens candidats de s'exprimer sur ce qui s'était passé.

Candidun reconnut que Ouioui avait changé. La victoire lui ayant permis de réaliser son rêve, l'homme était devenu plus serein. Quel était son rêve? Se donner beaucoup plus de blé pour vivre mieux. Il avait fait croire qu'il n'était pas intéressé mais les premières mesures prises furent de remercier ses amis et de passer à la caisse*
*passer à la caisse : formule vulgaire pour signifier que l'on se fait voter des revenus.
Puis, il fit croire que l'intérêt des gens faisait partie de ses préoccupations. Il remercia ses amis des associations en leur accordant de nouvelles ressources et en les assurant qu'il n'irait pas les contrôler. La confiance était totale : tous pourraient se rejoindre pour fêter cette bonne ambiance retrouvée.
Il apparaissait calme, déterminé à faire travailler les banques et suivre les conseils de Nicos -le chef suprême-. Il fallait créer de l'activité et lui, ouioui, empruntait donc, pour défaire ce qui avait été fait et refaire la même chose ailleurs.
Faire et défaire sont les deux mamelles de Ouiouiville, était sa devise!
d'après lui, Candidun ne menait pas une opposition constructive*
*constructive : qui donne des idées à ceux qui n'en ont pas.
Candidun paraissait être un jeune aux "dents longues". Il avait beaucoup d'ambition ce qui semblait déplaire à cet excellent journaliste. Il avait même été battu à plate couture* ajoutait-il semblant se ranger aux arguments de Ouioui
* à plate couture : avec un fer à repasser....devant les urnes.
Coin coin se demanda s'il n'épousait pas les thèses de Ouioui et s'il ne voulait pas le montrer sous un mauvais angle*
*mauvais angle : propre à faire peur aux habitants.
Pour essayer d'être impartial, il rappela que Ouioui avait gagné en se fâchant avec son premier ami, ancien chef de village, en faisant croire aux habitants qu'il n'avait pas de camp attitré (ce qui n'était plus le cas )
Il avait choisi maintenant le camp de ceux qui géraient le territoire. Il était plus facile de se mettre du coté du plus fort...

Coin coin se demanda ce que signifiait un tel parcours...

Il eut l'impression d'entrevoir deux stratégies : la fougue et la fourberie.
La première imputable à la jeunesse et à l'innocence, et la seconde, à l'expérience et à la manipulation.
L'expérience était très importante lorsqu'elle était mise au service de l'intérêt général. Mais ce journaliste ne pointait -il pas sans le savoir ( et probablement sans le vouloir ) une recherche d'intérêt particulier.

Coin coin comprit que la sincérité n'était pas forcément là où on l'attendait. Il fallait être très perspicace car tout lui sembla être de la manipulation. Le journaliste "canardeur" était-il manipulé? Par qui?
Quel était ce prince qui tirait les ficelles? Les "Frères"Jacques? non : eux, c'était les cloches!
coin coin , simple petit canard, se souvint soudain que ouioui et ses amis connaissaient bien Machiavel. la réponse se cachait sûrement là.