dimanche 28 août 2011

Poême d'actualité



L'impromptu de Berlin,
La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés
de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.
Nicolas :
Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
Entendez les Romains: ils appellent au secours !
Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
Attendent de vous, madame, le geste généreux !
De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...
Angela :
Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
Folle étais-je de croire à une douce surprise
En vous suivant ici seule et sans équipage
Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
De n'être courtisée que pour son seul argent !
Nicolas :
Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !
Angela :
J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
Et vous me demandez, avec fougue et passion
De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
Ce serait trop facile et ma réponse est non !
Nicolas :
On ne se grandit pas en affamant la Grèce
En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !
Angela :
Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
Mais si je disais oui à toutes vos demandes
Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !
Et ils s'éloignent, chacun de leur côté...





mercredi 24 août 2011

Quatre augmentations et un enterrement

Le dernier conseil de ouiouiville apprit aux toutous, ravis de la bonne nouvelle et aux candides médusés, que Ouioui avait enfin démasqués les riches de son village. Le nouveau SHERLOCK Holmes, fier de l'aboutissement de son enquête, allait enfin pouvoir rétablir la justice sociale...
C'est ainsi que furent, actées et votées dans l'allègresse par des toutous au bord de l'évanouissement provoqué par la perspicacité de leur chef, quelques mesures qui permettraient de conforter les finances de la ville...

-la taxe d'aménagement communal allait être plus que doublée. Cela permettrait de faire payer ceux qui avaient de l'argent pour construire leur maison . Ceux qui n'en avaient pas n'auraient qu'à emprunter davantage...Il fallait bien prendre le blé là où il se trouvait : dans le porte monnaie des habitants ou dans les coffres de ceux qui leur prêtaient!

-Les investisseurs en tous genres qui avaient soutenu Ouioui et ses toutous pendant les élections, lui devaient une reconnaissance éternelle . Point d'exonération pour eux comme la loi le permettait. Les commerçants,industriels et artisans devaient financer les dépenses qu'il voulait faire pour amuser les pauvres et les amis. Ne leur avait-il pas permis de devenir riches ? Maintenant, ils devaient payer! Ouioui appelait cela la justice sociale. Il fallait prendre l'argent à ceux qui travaillaient durement pour le donner à ceux qui n'en avaient pas! Aucune exonération n'était prévue non plus pour les pauvres qui avaient l'idée saugrenue de vouloir construire une maison (solidarité oblige!)

-Ouioui choisit d'appliquer une taxe punitive sur l'electricité. Dans une echelle allant de 1 à 8 , il choisit un taux de 5 appelé "taux médian"*
*taux médian : qui aurait pu être pire.
Cette mesure d'équité allait fortement pénaliser les riches qui s'éclairaient plus que les pauvres et qui se chauffaient davantage...

-les repas confectionnés par la magnifique cuisine centrale allaient être augmentés en prix mais pas en qualité...La cible était les gens qui ne travaillaient pas à temps complet : ils paieraient plus que les autres....
Enfin, l'école de musique particulièrement généreuse pour les enfants de Ouiouiville, serait plus chère pour ceux qui venaient des hameaux éloignés. le but non avoué étant de faire que leurs parents ne prennent pas leur automobile pour les y conduire, faisant ainsi des économies de carburant. Tout était murement réfléchi....

Ouioui eut alors la douloureuse mission d'annoncer la mort d'un service public supplémentaire : CAPFORME qui avait participé très largement à la méforme des finances de ouiouiville. Il était profondément affecté d'abandonner ce service à un habitant dont il craignait fort qu'il rejoigne le clan des riches....

Pluto fier de son oeuvre de démantellement des services de l'office du tourisme (distribution des billets de train abandonnée)envoya à candidun quelques flèches empoisonnées dont il avait le secret. Il soutenait ouioui dans son combat contre les nantis, lui qui n'avait rien à offrir en partage...

Coin coin, tapi dans un coin de la salle, observait médusé cet échange surréaliste.. Il était peiné de voir que ceux qui faisaient beaucoup d'efforts ne passaient pas pour être généreux. Il lui semblait pourtant que ceux qui se paraient de toutes les vertus
n'étaient pas les plus méritants....

mercredi 3 août 2011

Le grand boom estival





Pendant que Pressto faisait la promotion de ouiouiville dans le journal du peuple, les toutous attendaient patiemment le moindre touriste. Il est vrai que la publicité utilisée n'avait peut être pas incité les vacanciers à faire un détour pour le merveilleux pays de Ouioui et de ses toutous...
Pourtant , Pressto n'avait pas ménagé ses efforts et avait scrupuleusement énuméré dans le moindre détail toutes les activités des bénévoles ( les seuls actifs...)qui tentaient de maintenir les chefs d'oeuvre en état d'être regardés :
Le plancher du musée avait été rapiécé, les araignées besogneuses incitées à aller oeuvrer chez ouioui; un coup de pinceau avait rafraîchi les murs décrépis, les vitres avaient été lavées pour laisser passer la lumière du jour! Tous les produits d'entretien avaient été généreusement offerts par les besogneux , amoureux du musée dont la splendeur passée pourrait bientôt être classée parmi les chefs d'oeuvre en péril. Dans cet article brillantissime on avait la délicatesse d'avertir les pèlerins que le week end était sacré à ouiouiville et que faute de concierge, ils devraient montrer leur débrouillardise pour accéder au gîte et calculer l'heure précise de l'ouverture du musée.
La gestion de la ville était de plus en plus serrée et rigoureuse car Ouioui et ses toutous avaient investi un budget colossal (entre 300 000 et 350 000€) dans un tas de sable appelé "beach". Le sable ayant été offert ,le coût pharaonique provenait surtout d'organismes "gloutons" ainsi appelés car ils avaient pour habitude d'engloutir le blé des habitants.


La commère était scandalisée de cette dernière dépense pharaonique qui ne profitait qu'à quelques "pèlerins*" mais très peu aux habitants.
*pèlerins : personnes de passage, en tout petit groupe...
Coin coin en avait le bec cloué . Il se demandait ce qui pouvait pousser des chefs à jeter le blé sur du sable où rien ne pousserait et qui entraînerait bientôt la ruine de tous et la révolte des fidèles