La semaine passée fut riche en manifestations.
Au marché de ouiouiville on ne parlait que de ça. Coin coin assista au compte rendu que fit un senior de l'inauguration de leur maison et que votre serviteur essaie de retranscrire le plus fidèlement possible.
Il y apprit que cet évènement attira beaucoup d'amis de Ouioui et le représentant de la république , appelé préfet.
Dans tous les villages, lorsqu'une construction avait été érigée avec l'argent des habitants, les élus du peuple venaient se faire photographier devant ces réalisations pour montrer leur générosité...
Ce jour là, les seniors étaient donc à l'honneur. Ouioui avait permis la construction d'une magnifique maisonnette et chacun y allait de son discours pour montrer qu'il y était pour quelque chose.
Ouioui parla d'une réalisation exemplaire qui permettait à tous des moments de convivialité et d'activités intéressantes, servant à cimenter le lien social entre les générations , sociabilité sans laquelle il n'était pas facile de vivre...
Son grand chef, en charge du territoire montra sa proximité envers les élus et enchanta l'ensemble de l'auditoire.
Le représentant de la république -plus emprunté- rappela que l'état avait participé au financement de ce chef d'oeuvre. Son manque d'assurance et la lecture hésitante du discours qu'on lui avait écrit, fit craindre à certains l'effondrement des finances de la république...
Les photographes , nombreux, dépêchés pour l'évènement , s'activaient de tous côtés..
La date n'étant pas propice à une présence importante des membres du conseil, les toutous n'étaient pas très nombreux.
Les candides avaient dépêché Candicat qui ne semblait pas très à l'aise dans son rôle de représentation. Elle paraissait toujours aussi distante, peu sympathique . Personnage enigmatique, peu en fait, la connaissaient réellement . On disait d'elle qu'elle connaissait bien les dossiers et les étudiait sérieusement (surtout ceux liés aux finances de la ville qui était son domaine de prédilection*)
*prédilection : qu'elle préférait
le chef du territoire, chef de Ouioui, se dirigea subitement vers elle et ils échangèrent un long moment. De quoi parlaient-ils , nul ne le sait, mais on aurait dit qu'ils se connaissaient et qu'ils se respectaient mutuellement.
Coin coin réalisait soudain que le dialogue était toujours possible entre les hommes et qu'il suffisait de faire preuve de bonne volonté et d'intelligence.
La deuxième manifestation, plus confidentielle*, se déroula le soir même.
*confidentielle : sans photographe
Les participants au spectacle musical de l'année se retrouvaient autour d'un repas amical. Bien que destiné à remercier les acteurs, ces agapes ressemblaient à s'y méprendre à un repas d'après obsèques.
Les membres du conseil municipal , proches de ouioui, étaient ostensiblement absents.
Ouioui était-il conscient que ses interventions excessives avaient abouti à la mort du spectacle? Ou bien envisageait-il une reprise, avec des acteurs qu'il pourrait diriger comme il le souhaitait , selon des méthodes de Corée du nord?
Coin coin eût l'impression que le lien social dont Ouioui avait fait l'éloge le matin se défaisait inexorablement le soir même , pour cause d'égocentrisme* et d'excès de pouvoir .
égocentrisme : tendance à ne considérer que son point de vue et ses intérêts propres
