Lors d'une représentation digne d'un théâtre de guignol, Ouioui expliqua à ses amis convoqués en assemblée, les drames qui se profilaient dans ouiouiville.
Le chef du pays, un certain Nicos, avait décidé de supprimer une taxe qui frappait cruellement tous ceux qui donnaient du travail aux habitants par une autre, dont ouioui serait responsable, car il en fixerait, pour partie, le montant.
Cela allait lui demander rigueur dans son travail et bonne gestion du blé des habitants.
Mais ouioui qui ne savait pas gérer et qui ne souhaitait pas que les habitants s'en aperçoivent, préférait l'ancienne méthode.
C'est pourquoi, dans son habit céleste d'ange gardien des habitants de Ouiouiville, il apparût, flanqué de ses bénis-oui-oui*
*bénis-oui-oui : bénis par ouioui pour qu'ils approuvent ce qu'il disait.
Calculatrice en mains, il avait fait ses comptes et savait déjà -bien avant que la mesure ne soit effective- qu'il n'avait plus assez de blé!
Il avertit donc de façon très théâtrale que, par la faute exclusive de Nicos, il lui fallait demander immédiatement plus de blé aux habitants afin de préserver son bien être et l'achat des croquettes de ses toutous.
Ses bénis-oui-oui, appelés aussi par la commère, bénêts oui-oui, se rangèrent à son argumentation lumineuse et dont l'inspiration ne pouvait être que céleste, tant il apparaissait généreux envers les siens et tristes pour ceux qui allaient devoir travailler plus, pour lui permettre d'acheter d'autres âmes fidèles et dévouées.
Pluto qui avoua que sa formation en la matière ne venait pas d'études approfondies mais de messages audiovisuels, approuva sans réserve.
Coin coin regardait cette scène avec beaucoup de circonspection.
Il se demandait si l'on assistait à une comédie, à une tragédie ou à une tragi-comédie.
Soudain, il lui parut évident que se jouait encore la comédie du pouvoir. La tragédie était encore réservée aux pauvres habitants que l'on trompait sans vergogne et sans retenue........
Mais cette tragi-comédie allait probablement précipiter la chute de l'ange comme le laissaient prévoir ces lumières festives où , l'ange déchu apparaissait, ailes déployées, sans tête ni corps.
Prémonitoire? certainement , car les dieux montraient toujours des signes à ceux qui savaient les interpréter!
