dimanche 30 septembre 2012

Bonne nouvelle

Quelle ne fut pas la surprise des deux candides rescapés* d'apprendre au dernier conseil que Ouiouiville était classé parmi les villages les plus riches de la zone.
*rescapés : seuls parmi les cinq.

 L'ambiance fut relativement sereine. La frénésie et l'excitation liées aux vacances et à la fatigue, engendrées par un flot continu de touristes, avaient pratiquement disparues...

Ouioui put donc expliquer sans s'agiter exagérément qu'un système de péréquation avait été mis en place qui permettait de prélever le blé de certains habitants (ceux de Ouiouiville) pour le reverser à d'autres qui en avaient plus de besoin. Certains ne manquaient pas d'air (sur l'adour) et profitaient sans vergogne du blé de tout le monde pour améliorer leur territoire et leur patrimoine. Ce faisant, ils favorisaient leurs habitants au détriment de ceux qui s'endormaient dans la torpeur de leur prétendue richesse et félicité...

Candidun ne comprenait pas que Ouioui ne défende pas les habitants de Ouiouiville et se laisse plumer comme une volaille. Le mimétisme*de la cité avait une influence primordiale sur son comportement.

*mimétisme : reproduction inconsciente consistant à s'assimiler à de la volaille propre à être plumée...

C'est ainsi que des opérations techniques enlevèrent du blé à Ouiouiville pour le donner à d'autres. Certains travaux qui avaient été envisagés furent donc abandonnés et reportés aux calendes grecques...

 Candidun s'émut aussi du nouveau règlement du marché de Ouiouiville proposé à la sagacité de tout le conseil. Les toutous n'y avaient vu aucune malice.
Candidun essaya d'alerter les membres endormis majoritairement en pointant les conséquences néfastes que pourrait engendrer la présence de marchands S.D.F. sur la qualité des produits que chacun des producteurs locaux avait, jour après jour, peiné à obtenir et à mettre en avant. Son explication fut accueille avec grande compréhension par Speedy qui comprit le danger avant tout le monde. Il fut le seul à réagir et à montrer que sa perception économique était intacte.

C'est alors que sortant d'une grande torpeur, Dingo, brillant communicant, expliqua dans une longue tirade dont lui seul avait le secret et l'aptitude, que l'essence même du marché n'était pas économique mais consistait à créer exclusivement du lien social.
Les producteurs locaux ne venaient donc plus pour vendre leurs produits en priorité mais essentiellement pour dire bonjour aux voisins qui se déplaçaient dans ces lieux afin de parler de la pluie et du beau temps.
A ouiouiville, les voisins se parlaient de moins en moins à domicile; ils avaient besoin de se déplacer pour arriver à communiquer. Dingo, grand communicant et économiste réputé, était bien au fait de toutes ces questions. L'économique n'avait plus aucun secret pour lui donc aucun intérêt.
Une de ses collègues ne l'approuva cependant pas . Il est vrai que dans l'équipe des toutous , elle était un peu seule dans la production de richesse locale...

Ouioui mit fin au débat qui s'amorçait enfin, en disant que l'on verrait plus tard s'il y avait danger à mélanger les marchands et qu'à ce moment là, il prendrait des dispositions...

  Votre serviteur tapi dans l'ombre restait coi face à ce manque de prévoyance et se demandait à quoi servaient tous ces toutous censés améliorer la vie des habitants. IL lui sembla qu'ils étaient surtout enfermés dans leur bien être personnel et que l'intérêt de la cité était pour eux bien secondaire!